12°5, des raisins et des hommes numéro 5 est une revue culinaire exclusivement dédiée au vin de la nouvelle génération. Philippe Toinard, rédacteur chef de 12°5 : Sale temps pour le monde du vin ! En moins de six mois, les vignerons ont appris que le fruit de leur travail est un alcool comme un autre, que les Français boivent trop et que les autorités sanitaires préconisent deux verres par jour maximum, plus deux jours d’abstinence par semaine. Tout commence en février 2018 sur France 2 dans une émission de débat dont le thème était « Alcool, un tabou français ? » Invitée sur le plateau après la diffusion du téléfilm « La Soif de vivre » (Lorenzo Gabriele, 2016), Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, a tenu ces propos : « Aujourd’hui, l’industrie du vin laisse à croire que le vin est un alcool différent des autres alcools or, en termes de santé publique, c’est exactement la même chose de boire du vin, de la bière, de la vodka ou du whisky, il y a zéro différence. Et donc, on laisse penser à la population française que le vin serait protecteur, apporterait des bienfaits que ne font pas les autres alcools, c’est faux. Donc scientifiquement, le vin est un alcool comme un autre. »
À cet instant, nous avons eu une pensée pour tous les vigneronnes et vignerons que nous avons mis en avant dans notre jajazine depuis son lancement en septembre 2016.
Mesdames et messieurs Aubéry, Courant, Zernott, Joly, Arena, Landron, Bain, Baudouin, Monnier, Chappaz, Pacalet, Fhal, Alibrand, Grussaute…, sachez-le, vous êtes de vilains industriels du vin et votre alcool est mauvais pour la santé. Ah oui, parce que j’ai oublié de vous préciser que Madame la Ministre, quelques minutes auparavant, avait indiqué : « Avec modération, c’est un mauvais mot. Aujourd’hui, le vrai message de santé publique serait : l’alcool est mauvais pour la santé. »
Cessez, Madame la Ministre de stigmatiser ceux qui produisent et ceux qui boivent. Vous confondez vin et alcool fort, consommation excessive, binge drinking et consommation modérée ou consommation plaisir et vous insinuez, sans en apporter la preuve, que « scientifiquement, le vin est un alcool comme un autre ».
Vous remettez donc en cause toutes les études menées au cours des dernières décennies ? Celles qui prouvent ici que le vin rouge protégerait certaines cellules du cerveau responsables des pertes de mémoire, là que la consommation modérée – un verre par jour – de vin est bénéfique pour la santé cardiovasculaire.
Nous avons bien compris que vous prôniez une société hygiéniste. Dans ce cas, pourquoi ne pas avoir fait du lobbying auprès de vos camarades députés pour qu’ils soient présents en nombre lors du vote, le 28 mai 2018, pour une sortie du glyphosate d’ici 2021.
Ils n’étaient que 85 dans l’hémicycle et 63 députés ont voté contre. Donc, si l’on résume, l’alcool est néfaste pour la santé même avec modération… mais pas le glyphosate !